Les Voyages d' Anita et Jean-Pierre

Après une rapide visite de Portimão, nous nous installons pour quelques jours au camping d’Alvor, petite station balnéaire développée autour d’un village de pêcheurs. L’endroit est visiblement prisé des britanniques à voir le nombre de pubs et de bureaux de change au mètre carré. Le soleil était annoncé pour aujourd’hui, mais le ciel est resté plombé par une tempête de sable qui a affecté une bonne partie de l’Europe.

Vu la météo perturbée annoncée sur la semaine en cours, nous passons la frontière portugaise pour nous installer dans le même camping qu’à notre retour du Maroc en mars 2019. Contrairement au précédent séjour et à la situation en Espagne, l’endroit est quasiment vide de clients à notre grande surprise. Nous ne pouvons expliquer cette situation que par les mesures Anti-Covid nettement plus contraignantes prises dans ce pays et qui viennent tout juste d’être allégées. Le Maroc n’ayant pas encore ouvert ses frontières maritimes et les carburants battant des records de prix, rien ne pousse actuellement les camping-caristes à se diriger vers l’Algarve. Nous profitons ainsi du calme et du charme des lieux sous des températures relativement clémentes malgré les quelques passages pluvieux accueillis avec bonheur par les portugais. Petite visite à Tavira et à Faro et quelques nouvelles photos par rapport à celles déjà publiées en 2019.

On est passé de la prononciation espagnole Jerez à celle française de Xérès ou encore anglaise de Sherry peut-être à cause d’un abus d’alcool, mais nous sommes bien dans la ville des fameux vins et vinaigres de Xérès. La cité est très étendue et nous n’y avions fait qu’un rapide passage en 1985 d’autant plus que ses quartiers périphériques peu engageants ne nous inspiraient guère à l’époque. Nous passerons cette fois-ci pas mal de temps à déambuler au centre-ville. L’endroit rappelle les villes champenoises comme Reims ou Epernay avec ses grandes familles viticoles devenues immensément riches et qui ont laissé leur empreinte par de nombreuses églises et palais richement décorés. Des noms comme Domecq ou Tio Pepe, promoteurs des grands prix de formule 1 et de motos résonnent à l’oreille de tout le monde et Jerez de la Frontera est également l’épicentre de l’élevage des chevaux andalous avec son école royale andalouse d’art équestre. Mais le fait est qu’aujourd’hui une bonne partie des demeures bourgeoises du centre sont dans un état de délabrement tel que leur manque d’entretien est en train de compromettre la structure des bâtiments rendant toute rénovation future extrêmement coûteuse. Les crises de 2007 et du Covid-19 ont eu de lourdes conséquences sur ce magnifique patrimoine historique et la pauvreté est devenue palpable ici. La ville est parsemée d’orangers dont les fleurs embaument l’air à un point tel qu’il en devient enivrant.

Nous sommes sur la Costa del Sol à Estepona, non loin de Marbella, le Saint-Tropez espagnol avec toujours autant de résidences dites « exclusives » en cours de construction en bord de mer. La première bonne impression de la Costa del Sol vient du soulagement que l’on éprouve en s’extirpant sans égratignure de cette jungle à 2×2 voies qui longe la mer entre Málaga et Estepona. La deuxième bonne impression vient de la promenade côtière, véritable havre de paix romantique à l’exception des dimanches et jours fériés où elle est menacée d’embouteillage. La troisième bonne impression vient des centres historiques de ces stations balnéaires qui semblent malgré tout avoir réussi à préserver un certain charme. Mais le centre d’Estepona reste une superbe surprise rappelant par bien des points les typiques villages blancs andalous alentours.

Petite station thermale dans la Sierra Nevada connue depuis l’époque romaine, la ville située sur un éperon rocheux et entourée d’une profonde gorge, doit son nom à la traduction arabe du mot bain (al-hama). La ville est également connue pour son carnaval avec ses déguisements particuliers, festivités qui viennent de se terminer ce dimanche. La cité semble promouvoir la fraternité et la tolérance et particulièrement envers les transsexuels. Eleno de Céspedes est né ici, personnage hors du commun dont nous vous recommandons une biographie sur Wikipedia tout sauf banale.

La météo ne cesse d’annoncer chaque jour de la pluie, mais trimballer un parapluie ici s’avère aussi inutile qu’idiot, car bien que les nuages alternent avec le soleil, pas une goutte ne tombe au sol. Nous profitons de notre proximité avec Almería pour y faire un saut en bus ce samedi. La ville est décrite comme d’intérêt moindre par les guides et sa découverte sera d’autant plus une belle surprise. Son château mauresque, en partie encore en réfection, est un lieu absolument remarquable, alors que le quartier à sa base rappelle certaines médinas maghrébines. La promenade dans le centre historique piétonnisé est des plus agréables. Seuls les horaires requièrent la reprogrammation spatio-temporelle de nous autres gens du nord : à l’heure de midi, les bars se remplissent de gens qui prennent soit un petit-déjeuner, soit un petit casse-croûte, soit l’apéro, sachant que le repas de midi ne commence qu’à 15h00 et que les magasins ainsi que les monuments historiques ne rouvrent qu’à 17h00 au sortir des restaurants. Il va sans dire que pour les repas du soir, on n’est pas près d’être couché. A cette époque de l’année, on a bien du mal à imaginer le climat qui règne ici en été pour expliquer ce décalage.

Petit tour dans le désert de Tabernas connu comme lieu de tournage de nombreux films dont les fameux westerns spaghetti. Les quelques décors de cinéma encore en activité servent avant tout d’attraction touristique présentant des spectacles de westerns. Nous boudons quelque peu ces lieux un peu trop kitch à notre goût et visitons la jolie petite ville de Tabernas en contrepartie. On apprend qu’il y a 150 ans à peine ce désert était recouvert d’une végétation luxuriante riche d’une grande variété ornithologique. L’exploitation des mines de plomb provoquera le défrichage des forêts et les rares pluies torrentielles transformeront le paysage en Badlands. En attendant d’attaquer la Sierra Nevada où un petit épisode météo frais et pluvieux est prévu ces prochains jours, nous nous installons dans le camping de Roquetas de Mar à l’ouest d’Almería où la météo sera probablement moins désagréable et découvrons dans la foulée que cette zone est également entièrement couverte de serres de forçage.

Nous sommes installés dans un camping écologique du parc national de Cabo de Gata à l’est d’Almería. Le sens du terme « écologique » du camping nous échappe encore, mais nous sommes bien dans une zone sauvage, quasi désertique, vierge de toute activité industrielle, avec de belles randonnées possibles dans de superbes paysages. Mais pour parvenir à ce camping, il faut traverser cette fameuse mer de plastique si caractéristique de la région et qui nous avait déjà choqué en 1985 tellement l’environnement était pollué par des résidus de bâches de forçage volant partout y compris vers la mer. Il semblerait que la situation se soit un peu améliorée sur ce plan grâce à un ramassage des déchets mieux organisé depuis, mais l’on peut toujours apercevoir des cabanes de bric et de broc où vivent des ouvriers agricoles dans des conditions régulièrement dénoncées. La solution à ce problème viendra peut-être du changement climatique, car la raréfaction de l’eau finira peut-être par tuer ce système agricole aussi absurde que scandaleux. La photo ci-dessous donne une idée du désastre vu du ciel : les parties blanches sont bien du plastique.

Petite visite éclair de la belle ville de Carthagène avant de nous rendre en Andalousie. Comparé à celui de Bolnuevo, le paysage change aux environs de cette ville entourée de vergers d’amandiers. L’approche du centre historique se fait comme dans la plupart des villes espagnoles, par de larges avenues organisées en quadrilatère. La ville est cernée de forteresses militaires et recèle de nombreux vestiges archéologiques de l’époque romaine et carthaginoise en cours de restauration. Il y a en fait tellement de trous dans ce centre historique qu’on ne sait plus trop si cela est dû à des fouilles archéologiques en cours ou plus certainement à des rénovations de bâtiments publics remarquables dont les chantiers sont à l’arrêt par manque de moyens.

Nous retrouvons nos amis suisses au camping de bord de mer de Bolnuevo, petite station balnéaire au sud de Carthagène où nous assistons à notre premier épisode pluvieux depuis notre départ en janvier, mais qui ne suffira certainement pas à remonter le niveau des réserves d’eau du pays qui, comme le Portugal, connaît une sécheresse sans précédent. Des incendies de forêts viennent de se produire dans le secteur de Roses, phénomène inédit pour un mois de février en Espagne. Ce camping est étonnement calme malgré ses 700 places occupées essentiellement par des étrangers, allemands, néerlandais et français dont beaucoup reviennent ici chaque hiver pour plusieurs mois. C’est surprenant, car l’endroit n’a rien de spécialement séduisant.