Les Voyages d' Anita et Jean-Pierre

Visite de la ville de Murcia avant de retrouver nos amis suisses sur la côte de Mazarròn près de Carthagène. La ville est typiquement espagnole avec son quartier aux rues étroites autour de la cathédrale qui permet de limiter la chaleur en été. Des banderoles accrochées aux fenêtres du centre ville dénoncent le mauvais état des bâtiments publics ainsi que l’augmentation de l’insécurité, des incivilités, des tags et de la mendicité depuis que la municipalité a basculé à gauche. Il est vrai que des mendiants vous attendent à chaque porte d’église et de supermarché, mais c’est aussi le cas dans d’autres villes espagnoles. Les campings semblent tous pleins à ras bord sur la côte sud à partir de Valence avec des clients visiblement installés pour des mois : en est-il ainsi tous les ans ou la fermeture du Maroc a-t-elle provoqué cet afflux vers le sud de l’Espagne et du Portugal, mystère.

Elche possède la plus grande palmeraie d’Europe avec un nombre gigantesque de près de 300 000 palmiers. Nous sommes surpris par une telle profusion, car même au Maroc nous n’en avions jamais vu autant dans une ville. Nous visitons le jardin botanique « El Huerto del Cura » qui rappelle un peu le jardin Majorelle de Marrakech et son impressionnant palmier impérial datant de 1857, exemplaire singulier de candélabre végétal à huit bras supporté par un tronc commun de 1,50 ml, l’ensemble pesant près de 10 tonnes. Cette ville est un enchantement, mais il est extrêmement difficile de s’y garer : place avant tout aux arbres.

Après l’épisode plutôt frais et nuageux du week-end où seul le bord de mer a eu droit au soleil, nous rentrons dans l’arrière pays pour une première étape à El Castell de Guadalest, petit village pittoresque perché classé parmi les plus beaux d’Espagne. Nous progressons ensuite à travers des plantations d’amandiers pour une halte à proximité d’un ancien ermitage du parc naturel de Fuenroja.

Que dire de Benidorm, archétype du tourisme de masse espagnol avec son urbanisme échevelé dont on ne sait plus trop s’il faut admirer la prouesse d’attirer plus de 5 millions de touristes par an dans un tel décor ou s’il faut se désoler du spectacle donné par ces bataillons d’anglais rouges comme des homards autant cuits par le soleil que par l’alcool. Arrivés ici un peu contraints par des campings aux alentours tous complets, cela valait néanmoins le déplacement pour voir ce lieu irréel peuplé également de personnages ventripotents se déplaçant en caddies électriques comme les passagers du vaisseau spatial Axiom dans le dessin animé Wall-E.

Après les vergers d’oranges et de clémentines de la région de Valence, nous arrivons à Gandia dans la région des amandiers et des kakis de la Costa Blanca. Le paysage rappelle parfois le Maroc surtout à l’arrivée dans la station balnéaire avec ces longues allées entièrement rénovées, mais bordées de décharges sauvages. On se désespère un peu en découvrant ces alignements d’immeubles en bordure de mer dont certains payent si peu de mine qu’ils auraient du mal à enthousiasmer nos candidats aux HLM. Le camping que nous avons choisi est fort heureusement à l’écart dans une orangeraie. Une fois arrivé sur la promenade de la plage au sable blanc, l’impression change du tout au tout et le site procure une impression plutôt agréable. Vu les températures dont nous bénéficions, on pourrait presque trouver le changement climatique génial s’il n’y avait ce problème de sécheresse et d’alimentation en eau dans cette région où plus rien ne pousse sans arrosage artificiel.

En route vers Alicante, nous visitons Xàtiva surplombée par son imposante forteresse, ancienne position stratégique sur la Via Augusta qui menait à Rome en passant par les Pyrénées au nord et vers Cadix au sud. La montée au château ainsi que sa visite demandent pas mal d’efforts récompensés par de superbes panoramas sur la ville et ses environs.

Troisième plus grande ville d’Espagne après Madrid et Barcelone, nous sommes souvent passés par Valencia, mais sans la visiter jusqu’à présent. La ville a deux visages, traditionnel au centre ville avec ses palais et ses églises au style exubérant appelé « isabelin » et moderne en périphérie sud dans la cité des arts et des sciences conçue par les architectes Santiago Calatrava et Felix Candela. Installés dans un camping du parc Albufeira, vaste zone marécageuse où les anciennes salines ont été transformées en rizières et lieu de promenade du dimanche pour les habitants du centre, nous prenons le bus pour parcourir les 8 kilomètres qui nous séparent de la ville. La visite du centre océanographique prendrait a elle seule quasiment une journée et le seul musée que nous visiterons sera celui des Fallas, dédié au moment fort des festivités de Valencia qui ont lieu autour du 19 mars, mélange de Carnaval, de pétarade du Nouvel An et des feux de la Saint-Jean.

Le temps s’est arrêté à Benicàssim où nous avons finalement passé plus d’une semaine de farniente en compagnie de nos amis suisses sous une météo invariablement ensoleillée. A la différence des stations balnéaires récentes où ne s’alignent qu’hôtels, restaurants, locations de vacances et boutiques pour touristes, Benicàssim fait partie des anciennes stations balnéaires initialement lieu de villégiature de la très haute bourgeoisie qui y faisait construire de somptueuses villas en bord de mer à partir des années 1890. Des villas un peu moins somptueuses suivront dans la foulée avant que les immeubles de 10 à 12 étages en béton n’envahissent les lieux en tant que résidences du rêve espagnol pour les catégories sociales un peu moins exclusives. La station est évidemment presque déserte à cette époque de l’année et nous profitons ainsi du calme pour des promenades sur le paseo del mar.

Après la visite de la petite cité balnéaire fortifiée de Peñiscola, nous retrouvons nos amis suisses installés dans un camping à Benicàssim. Alors que nous étions en train d’élaborer notre circuit marocain, nous apprenons que le pays fait marche arrière et que les liaisons maritimes resteront fermées jusqu’à nouvel ordre : cette information signe l’abandon de tout projet au Maroc pour ce printemps et notre séjour se déroulera donc comme prévu en Espagne et au Portugal.

Le Maroc annonce finalement l’ouverture des liaisons maritimes au 7 février et nous entamons ainsi notre descente vers le sud de l’Espagne par un crochet dans la petite cité fortifiée de Montblanc ainsi qu’au Monastère de Poblet. La météo s’annonce légèrement nuageuse ces deux prochains jours, autant en profiter pour se rapprocher d’Algeciras, notre port d’embarquement pour le Maroc.